Garou est le huitième et dernier épisode de la série des Fatal Fury (Garou Densetsu), à voir le jour, et pour l’occasion, SNK prend le parti de revoir tout son système de jeu, de A à Z, ainsi que son emblématique roster. Il est pour grand nombre de pratiquants de la discipline, un jeu d’exception.
Mais cette cartouche, cotée actuellement à plus de 1200 euros sur le marché de l’occasion dans sa version AES (heureusement beaucoup moins onéreuse dans sa version MVS), vaut-elle toutes ces louanges ?
INSERT COIN(S)
L’histoire commence une dizaine d’années après la mort de Geese Howard, l’ancien patron de Southtown, et accessoirement grand rival de Terry. Notre blondinet castagneur va alors prendre en charge l’éducation et l’entrainement du jeune fils de son rival désormais orphelin, Rock Howard. Dans le but d’enquêter sur le passé de son défunt père, Rock, une fois devenu adulte, décide de participer au tournoi organisé par le nouveau boss de Southtown, Kain R. Heinlein.
Comme les événements se passent une décennie plus tard depuis le dernier Fatal Fury, de nouveaux combattants viennent remplacer les protagonistes historiques.
MAIS… MAIS OÙ EST PASSÉE MAI ????
Exit la belle Mai Shiranui, Andy Bogard le frangin ou encore l’intenable Joe Higashi! Place à 14 nouveaux challengers, prêts à en découdre!
Terry Bogard : L’emblématique homme à la casquette, la star de chez SNK. Il nous revient sans sa casquette fétiche mais plus affûté que jamais.
Il est le maître du jeune Rock.
Rock Howard : Il est le fils de Geese Howard et a été recueilli et élevé par Terry, vainqueur du combat contre son père.
Devenu son maître, le blondinet mythique lui a, entre autres, enseigné le « Rising Takle ».
Kim Dong Hwan : Pratiquant du Taekwondo, il est le fils de l’illustre Kim Kap Hwan et est également le frère de Kim Jae Hoon.
Don Hwan maîtrise la foudre.
Hotaru Futaba : C’est la petite sœur de Gato, et elle est activement à sa recherche. Elle pratique l’art du Kung-Fu.
Khushnood Butt (Marco Rodriguez) : Élève de l’école Sakazaki, Marco est un karatéka brésilien adepte du « Kyokugenryu ».
Hokutomaru : Jeune Ninja, disciple d’Andy Bogard et de Mai Shiranui.
Kevin Ryan : Policier voulant venger la mort de son coéquipier assassiné par Freeman.
Freeman : Tueur psychopathe, il est recherché par la police internationale et surtout par Kevin Ryan...
Tizoc (Griffon) : Catcheur charismatique, il est l’idole des enfants de Southtown.
Bonne Jenet : Femme pirate à l’allure plutôt sexy, elle utilise le vent comme principale technique de combat.
Gato : Grand maître du Kung-Fu, il semble avoir perdu la mémoire.
Kim Jae Hoon : C’est le frère de Don Hwan. Il maîtrise également l’Art Martial coréen, ainsi que le feu.
Grant : Maître du « Ankoku Karaté », un art interdit, il est le garde du corps de Kain.
Kain R. Heinlein : Il est tout simplement le nouveau parrain de Southtown depuis la mort de Geese Howard.
ET TECHNIQUEMENT ÇA DONNE QUOI ?
Techniquement Garou est une petite merveille. Le jeu est conçu sur le même moteur graphique que « The Last Blade 2 », né l’année précédente. Le soft tient sur une imposante cartouche de 688 Megs (une des plus grosses cartouches de la machine), et bénéficie de graphismes somptueux, très colorés, ainsi que d’une animation fluide et très rapide.
Comparé à un King Of Fighters par exemple, le casting de base peut sembler bien mince à première vue. Mais cette restriction a pour effet, d’offrir une multitude de détails et d’animations dans les stages (foules en délire, train en marche, clocher en mouvement dans une église…), ainsi qu’un Chara-Design ultra soigné signé TONKO (adieu à la casquette de Terry et place à son nouveau cuir d’aviateur), un des artistes maison de chez SNK, qui à également œuvré sur la série The Last Blade, ainsi que sur les volets 4 à 7 de Metal Slug.
L’animation ultra rapide n’est pas en reste non plus, même si de rares ralentissements, font parfois leurs apparitions, notamment lors de l'activation de la "TOP attack," pouvant entraîner une perturbation de timing lors des combos.
Il faut également reconnaître que malgré cette très rare baisse de « framerate », voir les plis des kimonos des fils Kim s’animer est une véritable prouesse.
Parlons un peu de l’incroyable bande son, qui est peut-être, une des plus belle jamais composée pour un jeu de baston. La musique dans Garou n’est pas là que pour meubler, au contraire; elle confère à la cartouche une ambiance jazzy de folie. Très dynamique, elle nous plonge directement dans l’enfer des combats épiques, et on peut également souligner, l'inspiration du thème « Children » de feu Robert Miles pour le stage de Rock.
Les digits vocaux sont également d’excellentes factures. De plus, les voix des personnages ainsi que leurs attaques sont remarquablement interprétées par les « Seiyuu » (doubleurs au Japon).
Depuis sa sortie sur Neo Geo, et surtout depuis la fin de la "Rolls des consoles", Garou à été décliné sur plusieurs supports telle que la Dreamcast, la Playstation 2 et en dématérialisé sur le Xbox Live Arcade. Plus récemment encore, les smartphones sous Android et IOS, la PS4, la Nintendo Switch ainsi que Steam (portage Steam très discutable opéré par DotEmu hélas...) et la très controversé Neo Geo Mini.
Malheureusement, aucun des portages cités n’arrive à la cheville des versions de cette machine de bourgeois. Du coup, les puristes se retourneront soit vers le système MVS ou AES, soit vers l’émulation.
A noter pour les possesseurs de Neo Geo : Toutes les converts AES ou reproductions sans sacrifices du jeu (NCI, Japan Game Online), utilisent une version prototype car la rom finale n'a jamais pu être décryptée. De ce fait, Cette versions est très différentes au niveau des timings et quelques bugs font leurs apparitions. Vous l'aurez donc compris, la seule solution pour jouer sur Neo Geo dans les meilleures conditions est l'AES ou le MVS original.
Toutefois, sur PC, certains émulateurs parviennent, semble-t-il, à faire tourner la version finale de Garou.
HEY!!! COME ON, COME ON!!!
Entrons à présent dans le vif du sujet, et concentrons-nous sur ce Gameplay aux petits oignons dont bénéficie Garou MOTW.
Garou ce joue sur quatre boutons uniquement, comme la majorité des jeux SNK :
Bouton A : poing faible
Bouton B : pied faible
Bouton C : poing fort
Bouton D : pied fort
Le soft adopte un grand nombre de changements par rapport aux précédents opus. Tout d’abord, dans la série des Fatal Fury, les affrontements se jouaient sur deux plans, ce qui donnait au titre un petit « plus » niveau tactique. Le fait d’avoir retiré cette particularité, chère à la saga, a forcé les créateurs à développer d’autres systèmes de jeu, à savoir :
Le Just Defend : Un peu comme pour le Parry de Street Fighter 3.3, il s'agit de bloquer les coups en pressant "arrière" au bon moment, afin d'absorber les chocs et ainsi récupérer un peu de vie.
Les JD sont également applicables en l’air. De plus, ils fonctionnent sur tous les coups, ainsi que sur les Fury.
La feinte : Avec "Avant A+C" ou "Bas A+C", elle est très utile pour amorcer un coup et en lancer un autre pour tromper l'adversaire, ou bien simplement pour le déstabiliser.
Le Break Move : Il consiste à annuler (cancel) un coup spécial pour enchaîner avec un combo ou une Fury (par exemple, on peut casser le « Power Dunk » de Terry).
Guard Cancel : C’est une contre-attaque qui consiste à lancer une Fury ou un coup spécial derrière le « JD » (Just Defend).
Counter Hit : Un contre extrêmement dangereux, car il ouvre plein de possibilités d’attaques.
Guard Crush : Il permet de bourrer la garde de son adversaire afin de la faire sauter.
La barre de T.O.P. : Une fois la barre de vie diminuée, le T.O.P sert à donner plus de dégâts à l'opposant.
Le "S-POWER" ET "P-POWER" : Il s'agit des Fury ou Ultra du jeu. Le P-Power est l’attaque la plus puissante de chaque personnage et consomme l’intégralité de la «barre de Super».
Ground Recovery : Quand on est sur le point de tomber, une pression sur l’un des 4 boutons permet d’effectuer une roulade dans la direction souhaitée.
Fidèle à elle-même, la firme d’Osaka a aussi inclus à son bébé deux types de saut : le saut normal et le Short Jump, très pratique pour agresser rapidement l’adversaire. Les possibilités de ce jeu sont donc très vastes. Et pour maîtriser tout cela, il ne faudra pas compter ses heures dans le mode practice…
La jouabilité quant à elle, est absolument parfaite, les guerriers bougent aux « doigts » (surtout au stick) et à l’œil. On se surprend alors à sortir les coups spéciaux, ainsi que les S et P-Power très facilement. Cela étant, il n’existe qu’une seule manipulation, pour lesdites Fury, valable pour tout le casting (exceptée la technique cachée de certains personnages). Il faut ajouter à cela le principe de la « 0 Frame » de la plupart des characters : une fois activée, « la Fury » touche à coup sûr.
Pour couronner le tout, on notera aussi le « Hit Confirm » qui permet de lancer la Fury dès que l’adversaire prend un ou deux lights (coups faibles) en préparant dans ce laps de temps sa manipulation, grace au principe du Memory Move, aussi appelé Buffer.
DÉFENDRE SA PIÈCE COÛTE QUE COÛTE…
Voyons à présent qui sont les plus grands représentants du jeu :
Au Japon, encore en 2010, il existe une petite communauté d’irréductibles fans du titre, évoluant dans les sombres et prestigieuses salles d’arcade de l’archipel.
Tous se battent pour défendre leur pièce, autrement dit selon le principe du « gagnant reste sur table ».
Là-bas, ces joueurs sont presque considérés comme des dieux, et des noms tels que, « Wata » (utilise Rock et Jenet, meilleur joueur du monde, pour beaucoup avec son ami Koba), « Koba » (meilleur Grant du monde), « Amemori » (meilleur Terry du monde), « Charles’ wain » (meilleur Kain du monde), pour les plus connus, nous rappellent que le « Versus Fighting » est un sport de haut niveau.
Ces joueurs sont capables de tirer le meilleur de ce soft, d’en extraire la quintessence ultime grâce à une maîtrise des combos et autres exécutions à la limite du divin.
On peut trouver certaines vidéos commentées par Ken Bogard très facilement sur la toile.
En France, nous avons aussi la chance d’avoir quelques grands joueurs avec « Zeto-Kirua », « Instinct », « TimmyTheturle », « Marco-Sama » et quelques autres « doseurs » dont on peut trouver les vidéos de leur Freeplay sur Youtube.
Ces Top Players depuis quelques années maintenant, n’arrivent toujours pas à abandonner ce jeu et apportent très gentiment leurs conseils et leurs savoirs aux petits débutants, souhaitant découvrir Garou et éventuellement progresser (n’abusez pas non plus quand même héhé).
https://www.youtube.com/watch?v=FHpJQCnubY8&t=2146s
ARE YOU OK ? BUSTA WOLF !!!!!!
Ce jeu réussit le tour de force de procurer un plaisir de jeu quasiment immédiat dès les premières parties, et même après des heures et des heures de castagne, on n’a qu’une chose en tête, y revenir sans cesse. Graphiquement, malgré le poids du temps, le jeu reste sublime et travaillé, fourmillant de détails ici et là. Un charme immense émane du chara-design des personnages et le Gameplay n’ayant pas pris une ride, reste un modèle du genre.
Vingt ans plus tard, ce jeu reste la référence en terme de baston 2D et ses rééditions prouvent bien qu’il n’est pas oublié. En outre, il est possible de le doser Online grâce aux plates-formes d’émulations que sont « FIGHTCADE », voir « ROMSTATION ».
SNK avant son arrêt, avait mis une suite en chantier qui ne verra probablement jamais le jour, mais aux vues de la qualité de cette mouture, on se dit qu’il est bon pour l’éditeur d’arrêter sur une note presque parfaite et de rester dans la légende… À noter qu'il y a quelque temps, un membre de chez SNK a diffusé le visuel des persos de MOTW 2.
Ce titre est un de leurs derniers chefs d’œuvres ultimes avant leur rachat par Playmore. Garou MOTW est donc un titre absolument génial, et l’essayer c’est l’adopter à vie, tout simplement.