Ce jeu n'est pas le tour du monde en 80 jours...
Juin 1986, j'ai 6 ans et demi et m’apprête a prendre des vacances méritées après un bac obtenu avec mention et un championnat des poussins gagner avec un record de 12 buts au compteur.
Après avoir passé une année dans la désertitude hivernale de ma corse natale, cet été c'est sûr, je profite de la frivolité des préadolescentes italiennes ou hollandaises fraîchement débarquées sur nos plages. Et bien non carotte maternelle, nous iront passer les vacances à Dijon chez la grand-mère. J'essai de me défendre en vain, je n'ai que 6 ans pour rappel.
Il faut comprendre que pour un gamin de cet age, un été passé en bourgogne devant le tour de France est aussi excitant que de trier le XML de Mame.
Ce que je ne savais pas encore, c'est que ma jeune tante encore adolescente à cette époque avait eu pour noël un Amstrad CPC 464 Monochrome.
Le premier jour du reste de ma vie...
Très vite me voyant arrivé avec la mine déconfite, ma tante me fais découvrir cette machine inconnue pour moi car l’électricité n'arrivera en corse qu'en février 1989, promesse de campagne tenue pour sa deuxième élection par Mr François Mitterrand.
Le CPC 464 allie puissance et esthétisme.
Le choix est alors invraisemblable, sur une étagère rempli de cassettes audios se mêlent concert de Patrick Bruel et divers jeux tous plus attirant les un que les autres.
15h. Mon choix se pose sur "Le tour du monde en 80 jours", de l’aventure et des heures de jeux en prévision. Alors, selon les instructions, on introduit la cassette, Reset du compteur, appui sur play... c'est parti.
15h30. Enfin pas tout de suite de toute évidence, ça tourne mais il faudra du temps pour que la gigantesque aventure de Jules Verne ne se charge dans la non moins colossale mémoire de cette machine prometteuse.
16h30. L'image qui formera à n'en point douter un écran d’accueil fantastique commence à se laisser deviner car près de 12% de l’écran est chargé (de haut en bas).
Le moment idéal pour un petit goûter.
19h30.Heure du repas, et de la négociation avec ma mère pour avoir le droit de me coucher un peu plus tard que 20h30 ce soir, c'est les vacances après tout. La soirée promet d’être excitante puisque notre écran est maintenant à près de 80% et l'aventure sera sans aucun doute fantastique. Le compteur approche les 800 et c'est promis à 922 le jeu sera chargé, c'est écrit sur le revers de la cover.
20h12. Déception, après un poulet aux morilles mangé à la va vite, le message d'erreur retrouvé sur notre écran anéanti à tout jamais nos promesses d'aventure pour aujourd'hui.
La suite est cousu de fil blanc et, bien évidement le lendemain, l'erreur se reproduit.. Il a donc fallu choisir une autre cassette.
Avec une promesse de chargement beaucoup plus rapide, ce sera Fruity Frank qui retiendra notre attention.
Mangez des pommes...
Enfin, c'est tout sauf vrai, car il s'agit du seul fruit que notre ami Frank refuse de manger. Car oui Frank passe ses journées dans son jardin à manger des fruits, enfin quoi que maintenant avec du recul, je me dis qu'il les récolte peut être simplement.
Apres avoir choisi entre trois modes de difficultés :
- Slow (rythme lent)
- Medium (rythme moyen)
- Fast (rythme rapide)
Vous allez pouvoir commencer votre partie avec trois vies.
Vous êtes alors lâché dans ce que je pense être le jardin de Frank avec comme objectif de récolter tous les fruits (hors pommes) de l'écran. Avec pour seul arme un "pépin" que vous pouvez jeter et qui, par rebond, va parcourir les couloirs que vous avez tracé, vous devrez face à de féroces ennemis pour vous frayer un chemin sûr.
Attention cependant, vous ne pouvez utiliser qu'un projectile à la fois donc pendant que le précédant se balade cherchant une cible, vous serez démunis face à une menace.
Enfin, presque, car une des mécaniques de jeu les plus utiles reste de faire tomber les pommes sur ces parasites. Vous pouvez au choix pousser la pomme pour qu'elle tombe sur l'un d'entre eux, ou plus subtilement passer sous une pomme pour que de façon synchronisée, elle écrase l’ennemi à vos trousses.
Vous rencontrerez quatre types d'ennemis:
L'ennemi de base. Il arrive régulièrement par une faille spatio-temporelle située à un croisement entre les couloirs. Le plus simple à battre car lent et pas futé.
Le tuer avec l'arme rapporte 20pts, et avec une pomme 40pts.
Ce monstre apparaît aléatoirement sur l'écran, il est plus rapide et plus coriace que le précédent.
Le tuer rapportera avec l'arme 50pts, et avec une pomme 100pts.
La fraise apparaît au bout d'un certain moment passé sur le même écran. Elle est extrêmement rapide et fonce directement sur Frank.
Le tuer avec l'arme rapporte 100pts, et avec une pomme 200pts.
L'ennemi Bonus apparaît lorsque vous marchez sur la faille spatio-temporelle pour la faire disparaître, et donc être débarrassé des premiers monstres. Il viendra ensuite successivement cinq de ces parasites portant tour à tour les lettres du mot B.O.N.U.S.
Tuer les 5 vous rapporte des points ainsi qu'une vie supplémentaire.
Rien ne vous oblige à tuer tous les ennemis car le fait de récolter la totalité des fruits du tableau vous transporte au stage suivant, mais la quête au high-score vous y poussera tout de même.
Vous comprenez donc bien vite qu'à travers les sept tableaux différents qui tournent en boucle, le but va être de tuer les monstres au maximum avec des pommes afin de battre le score de son pote.
En conclusion
Je manque d'objectivité pour juger Fruity Frank. Vous l'aurez compris, il s'agit après le pong de SEB du premier jeu vidéo auquel j'ai joué, et je peux vous assurer que je n'ai vue aucune étape du tour de France cet été là.
A la manière d'un Pac-Man, sa durée de vie est infinie à plusieurs, surtout quand le podium des high-score devient le but ultime.
A mon retour au pays, mon père me promit un micro si j'avais mon permis du premier coup. C'est comme ça que pour noël 1986, à l'aube de mes 7 ans, j'ai eu mon CPC 6128 et que j'ai découvert Fruity Frank en couleurs. Je pense que tout cela contribue aux problèmes de mémoire que je rencontre actuellement (effectivement je ne suis plus certain pour la mention).
4 Comments
Narugawa
Excellent test !!! Merci pour ce voyage temporel !
Myjosito
Un très bon test, pour un bon jeu. La musique reste bien en tête 🙂
J’y ai rejoué il y a 2jours.
J’ai eu un CPC 6128, et ce fut un de mes premiers jeux “commerciaux” (je ne parlerai évidemment pas de Bustout et autres programmes à enregistrer soi meme pendant une bonne heure minimum, ligne de code après ligne de code )
mimso
je me retrouve totalement dans ta description, ayant fruity franck et le amstrad CPC 464.
Celui qui m’a fait kiffé aussi est boulder dash, mais là, c une autre histoire …
Porko
Bac et permis à 6 ans… Même le Guiness book n’en à pas eu autant.
Mais oui ça faisait rêver à l’époque